Hadès A. Cinderreich « The Red King » (100%)

Ce jour-là, Hadès filait à travers les sentiers de l'île, en direction du QG de la marine. Il arriva essoufflé dans une salle de réunion où son père était là, ainsi qu'une dizaine de marines de grade équivalant. Ils étaient tous assis autour d'une table ronde, et à l'arrivée du jeune garçon, tous les regards se braquèrent sur lui. Il reprit calmement son souffle et s'avança vers la table. « Père ! Battons-nous. » Annonça t-il d'une voix vive et excitée. Oui, il venait de faire tout ce chemin pour défier son père. Il faut savoir qu'Akardy était un homme très strict. Et ce autant dans son travail qu'avec sa famille. Jamais, absolument jamais il félicita ou encouragea son propre fils. Le reconnaissait-il seulement comme son fils ? Hadès ne se posait pas encore cette question, mais s'il était venu ici, s'était pour lui prouver sa force et sa valeur. Et surtout, pour qu'il lui accorde un peu d'attention. Même si le jeune garçon n'était pas très famille. Il aimerait que son père assume son rôle. « Tu me déranges en pleine réunion pour ça ? Rentre à la maison. » Des mots qui eurent l'effet d'une gifle. Et c'est la tête baissée qu'il quitta la salle. Déçu, affreusement déçu. C'était devenu une habitude. Ainsi, c'est avec un air assez dépité qu'il rentra à la maison. Il retenterait sa chance. Les sourcils renfrognés, il frappait dans de petits cailloux jonchant le sentier. Une manière de se défouler et d'évacuer sa colère. « Grand-frère ? » Il se retourna vers la voix qu'il reconnut aussitôt. « Qu'est-ce qu'il cloche avec père ? ! C'est toujours la même chose avec lui. Il m'énerve ! » La jeune fille se rapprocha et glissa sa main contre la sienne. « Je n'aime pas te voir dans cet état. » Ses quelques paroles suffirent pour apaiser ses maux. « Désolé, Olympe. » Un amour fraternel. Une échappatoire pour palier le manque d'amour paternel. Il avait ses deux soeurs. Olympe et Ayrtonn. Elles comptaient plus que tous à ses yeux. Et même s'il ne le montrait pas. Il s'était juré de les protéger. Autant l'une que l'autre. Mais la vie en décida autrement (...)

Un homme terni par l'obscurité éternelle de la vengeance se tenait là, au-dessus d'une vallée. « Olympe. » Son regard mélancolique s'élevait vers le ciel. Il venait de perdre l'être le plus cher à ses yeux. Un amour passionné et interdit. Sa défunte soeur, Olympe. C'était la première et la seule femme qu'il aimait et aimerait de sa vie. Ils avaient préféré garder le secret sur leur relation. Mais malgré le secret, ils réussirent à vivre un amour intense, fort et indestructible. Ainsi, il pleura pour la première fois de sa vie. Des larmes qui s'écoulaient le long de son visage, continuellement, sans s'arrêter, tandis que son esprit était ailleurs. Que de souvenirs se bousculaient dans sa tête. Des images de leur première rencontre, leur première fois, les bons instants, mais aussi les moins bons. À présent s'était terminé. Il ne pourrait plus sentir l'étreinte de son corps contre le sien. Il ne pourrait plus se confier à elle, lui dire à quel point il l'aimait. Vivre avec elle. C'était fini. Et il venait de perdre à tout jamais une partie de son âme. « OLYMPE ! » Hurlait-il. L'écho de sa voix raisonna à travers toute la vallée. Les oiseaux, les animaux et le vent. Il n'y avait plus aucun bruit. Comme si la nature ressentait la tristesse et la détresse du jeune homme. Les flammes de la vengeance engloutirent son âme. C'est alors qu'il tendit sa main vers le ciel, s'efforçant d'afficher un regard attendri. « Je vois ce que tu voulais dire. Ça fait mal. Ça fait si mal de perdre quelqu'un qu'on aime plus que tout. Mais même si nous sommes séparés, nous nous retrouverons. Et sois en certaine. Je te vengerai. Je le tuerai de mes propres mains. » Il serra ses dents à s'en faire saigner la mâchoire. Son père. Il était persuadé que c'était lui. L'homme qui lui arracha son bonheur pour le transformer en une insatiable soif de vengeance.

Le vent remuait tendrement les branches alentour, créant une musique naturelle et réconfortante. Une embuscade. Des pirates sortirent des buissons et encerclèrent le roi rouge. Ils brandissèrent fièrement leurs sabres et se préparèrent à bondir sur lui. C'est alors qu'un pirate à l'allure délabrée se mit en avant du groupe. Visiblement, c'était le leader. « Un marin. Juste un ?! C'est du foutage de gueule ! Regardez-moi ça les gars ! Que diriez-vous d'envoyer sa tête au QG de la marine ? Haha. » Ils rigolèrent tous en coeur. Une bien belle fratrie qui faisait honte à la piraterie elle-même. De vulgaires brigands qui s'amusaient à dépouiller les pauvres, les paysans et les personnes âgés. Ils n'avaient pas leur place dans ce monde, n'y dans l'autre d'ailleurs. La main de la justice allait rendre son jugement et ainsi, la sentence du roi rouge tomba. Il était rester de marbre, impassible, ne bougeant pas d'un poil. Il ne répondit pas. « Tss. » Juste un maigre soupir quitta le seuil de ses lèvres. « Tuez-le ! » Les pirates se jetèrent soudainement sur lui, mais furent violemment repousser par une aura rouge qui les balaya littéralement contre les arbres. Un choc d'une rare violence. Leurs os se brisèrent dans un râle d'agonie, tandis que l'aura rougeâtre se dissipa peu à peu dans l'air, sous le regard inexpressif du roi rouge. « Impossible ! Qui es-tu ? » Le leader du groupuscule était à présent à terre. Il avait peur. C'était indéniable. Et il réussit à capter l'attention du sergent. « La justice. » Affirmait-il. Une banale mission qui se clôtura. Elle démontrait le quotidien du roi rouge. La route était longue. Monter en grade. Devenir plus fort. Et tout ça pour résoudre un seul et unique objectif. Tuer son père.

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