[AVENTURE] Navigateur au trou ~ Équipage dans la boue [Pv : Eustach / Goss]

C'est bon les mecs, je me suis entretenu avec les pécheurs du coin. Ça avait mal commencé, pis je leur ai exposé mes arguments directement dans la tronche ; J'ai su calmer les trois grandes gueules qui voulaient rien entraver à ce que je disais, quant aux autres... Bah ils ont tout simplement été conquis par mes projets ! Faut qu'on repasse le mois prochain pour compter les bénéfices, comme d'hab' – Rhaa, le commerce. Y'a que ça de vrai, finalement. La satisfaction du Capitaine Homme-Poisson s'exprimait à travers un large sourire, et même si ses paroles n'atteignaient probablement pas les deux fidèles compagnons qui devaient décuver afin de reprendre l'aventure, cela ne semblait pas l'atteindre alors qu'il essuyait les nombreuses traces de sang présentes sur ses monstrueuses pognes. Bon. GOSS, EUSTACH, ON-REPREND-LA-MER-ET-C'EST-A-VOUS-DE-JOUER !

Mais de trop longues secondes s'écoulaient sans qu'aucune réponse ou même des râles ne lui parviennent. Les yeux rapidement parcourus d'une lueur incendiaire, il attrapait d'une main un tabouret présent sur le pont puis progresser furieusement jusqu'à apercevoir l'un des concernés ; Complètement saoul, le vieil Eustach trônait là, avachi contre une rampe et ronflant à cadence irrégulière... du moins jusqu'à ce que le fragile mobilier précédemment tenu par Kasshern éclate au contact de son crâne, le réveillant immédiatement.

Foutu Piranha édenté, il est ou ton frère ? J'ai besoin de mon navigateur !

Car il fallait savoir une chose. Si Goss occupait un rôle primordial dans l'équipage, son frangin n'était quant à lui qu'une feignasse dégénérée qui n'avait maîtrisé en 85 ans comme seul savoir-faire que la vibration de ses cordes vocales afin de hurler à tout va. Mais ce pauvre ahuri savait motiver son petit frère et était donc le Second tout choisi pour canaliser – ou empirer – les réactions de ce dernier. Mais ces deux là représentaient un bon duo, un peu comme deux alcools se mariant à la perfection et se transformant en un magnifique cocktail, quoiqu'explosif.

Bon sang est-ce que quelqu'un va me dire ou se cache cette atroce baleine avant que je ne sorte les grands...
Herm-herm, euh... Il y a quelqu'un ?

La faible voix interrompit le Requin, qui progressait quant à lui vers le bord du navire pour s'y pencher et ainsi découvrir la présence d'un drôle de personnage accompagné par une dizaine de soldats de la Marine. D'un bond, le colosse rejoignait la terre ferme en se plantant fermement devant le groupuscule qui reculait sous l'effet de surprise.

J'espère que c'est important – J'étais en train de recadrer mes hommes. Enfin, l'unique membre présent de mon équipage. Oh pis merde j'suis même pas certain qu'il a capté ma présence vu son état... BREF C'EST POUR QUOI ?
Heu... Je suis le propriétaire de la taverne « Au Rossignol Boitant » et je...
Venez-en aux faits, je suis un homme d'affaire surchargé de travail, la demande est énorme et je n'ai vraiment pas que ça à faire.
Oui est bien euh... Nous suspectons l'un des membres de votre équipage d'avoir saccagé mon établissement et... je... Enfin il faudrait rembourser, quoi. Vingt-mille berrys de dédommagement pour le matériel et... et la note de ses achats est conséquente elle aussi si je puis me permettre... vous... vous allez payer n'est ce pas ? Plus qu'intimidé, le commerçant peinait à exposer sa requête, lorgnant sans arrêt vers la troupe de miliciens pour y recevoir un quelconque soutien. En comparaison, l'Homme-Poisson paraissait si imposant...

Mais ce dernier conservait son calme. Un petit sourire inadapté à son tempérament contrastant avec le regard naturellement assassin qui habitait constamment son visage bleuté. Puis c'était d'une voix moins sèche et rassurante que la réponse arrivait.

Bieeeen sûûûûr Monsieur, évidemment que je vais payer. Je dois également payer pour la caution de mon ami je suppose..?
Oui c'est exact ! Rétorquait-immédiatement le sergent, heureux de voir à quel point la discussion prenait la bonne direction.
Huhu, évidemment... évidemment. Le Requin grinçait des dents, dévoilant un peu de la rage qu'il s'efforçait de garder pour lui. Bon, Messieurs, accompagnez moi jusqu'à vos geôles que je réprimande ce mauvais garnement – Il s'excusera également auprès de cet humble tavernier à qui je rembourserai le double des dommages causés : Je réalise bien que la réparation nécessitera des fonds plus importants, n'est ce pas ?
Oh ! Eh bien, c'est vrai... Je vous en serai extrêmement reconnaissant ! Merci !
Kshaa'aarh'arhk, allons allons, c'est tout naturel. Comme je vous l'ai dit, je suis moi même un homme d'affaire...

Le colosse luttait pour ne pas arracher la tête de son interlocuteur alors qu'il administrait deux faibles tapes dans le dos ce celui-ci pour sceller ce semblant d'amitié. Puis, indiquant d'un aimable signe qu'il se retirait pour toucher deux mots à son Second avant de rejoindre la prison située dans la base de la Marine locale, Kasshern remontait sur son bateau.

Eustach ! Ton frère a fait le con. J'ai pris les choses en main de mon côté mais m'faut tes talents pour le sortir de la. Alors écoute bien, et j'espère pour toi que t'as suffisamment décuvé pour accomplir ta mission : Tu vas prendre les bâtons d'explosifs de ton frangin entretenus dans la cale, tu vas contourner l'île par la mer juqu'à apercevoir la façade de la base de la Marine, ensuite tu vas escalader les rochers pour atteindre l'un des murs, tu me trouves une fenêtre, une issue ou un coin ébréché, tu installes les explosifs, tu fous le feu avec l'amadou et tu te mets à l'abri le temps que tout pète. Ensuite tu rentres, tu tabasses tout ce qui bouge, on se retrouve – on aura déjà commencé à bouger suite à l'explosion –, et tu nous guides jusqu'à la brèche pour qu'on s'échappe par la mer jusqu'au bateau. Ensuite on se casse de ce coin, ça va sentir mauvais. C'est plutôt simple non ? Allez j'y vais, et évite de mouiller la poudre pendant ta traversée sinon tu vas te retrouver comme un con.

Même pour quelqu'un de sobre il s'avérait difficile de retenir toutes les paroles trop rapidement prononcées par le prédateur. Eustach n'était pas sobre. Et il n'était pas très futé non plus. Ni vraiment dégourdi. Et vieux avec ça. Mais malgré tout ses défauts, le Piranha conservait un don incroyable pour semer le chaos partout ou il intervenait – C'était la dessus que son capitaine comptait pour la bonne entreprise de ce plan pondu en une minute.

A toi de jouer champion, car on a pas la thune exigée par ces troufions, et même si on l'avait ça serait un frein pour mon entreprise. A toute !

Suite à cette simple remarque philosophique, l'Homme-Poisson retournait en compagnie de la Marine et du commerçant, avec en main un énorme sac qu'il ne manquait pas de signaler à son entourage pour les rassurer au sujet de ses bonnes intentions financières. Il se rendait ensuite jusqu'aux geôles ou l'attendait Goss, dans la base dominant l'île. Les portes de la cellule s'ouvraient, libérant par conséquent ce dernier.

T'auras pas fini de me causer des ennuis toi, hein ! Regarde la fortune que je suis obligé d'amener avec moi pour te sortir de là... Kasshern laissait l'énorme sac chuter au sol, puis l'ouvrait de ses deux mains d'un mouvement sec devant les gardes ainsi que son compagnon.

Surprise.
Celui-ci ne contenait que d’innombrables bâtonnets de poisson, brisant l'illusion créée par le Requin pour amadouer la Marine en mettant en avant son sens des affaires, mais excitant aussi le regard affamé du gros Goss qui se retrouvait à un mètre de sa bouffe préférée. Maintenant, les choses risquaient de se gâter – Si les deux poiscailles pouvaient effectivement causer des dégâts à ceux qui s'opposeraient à eux dans un premier temps, ils ne feraient pas le poids face à une base entière.
C'était à Eustach d'entrer en jeu, et de leur offrir une porte de sortie. Mais est-ce que celui-ci parviendrait-il à appliquer le plan ? S'il ne l'avait ni oublier ni échoué lors d'une des étapes ou encore décidé de suivre sa propre logique, alors c'était tout à fait possible.

Grmph. 'Me semble entendre un fou hurler, mais comme j'suis sûr de rien, j'préfère me concentrer sur ma sieste bien méritée. Le Capitaine n'est pas là, des affaires à régler avec les pécheurs du coin, alors j'en profite pour rattraper les longues heures perdues c'tte nuit. Entre boire et dormir, il a fallu choisir. Inutile de vous préciser ce qu'on a choisi avec ce gros lard qui me sert de frère. Elle était sympa la taverne, l'alcool y était bon et l'ambiance sympathique. Sauf que maintenant, 'faut assumer et bosser dur derrière, l'navire avancera pas tout seul. Moi cela me fait chier, alors j'pionce. J'suis qu'un glandeur de toute façon, à quoi bon faire un effort pour le reste de l'équipage ? L'un est mon p'tit frère et n'a rien à me dire et l'autre est parti refourguer ses foutus bâtonnets de poissons. La paix.

CRAAAAC

Réveil plus que brutal et inhumain. Du bois qui vole et s'éparpillent tout autour de moi, tandis que j'ouvre faiblement les yeux. Quel est l'abruti qui... Oh, quelque chose de grand et bleu, avec des manières radicales de tirer les gens de leur sommeil, y'a pas à chercher bien loin pour avoir une réponse. Foutu Capitaine, il est de retour ! J'l'observe remuer les lèvres, il m'veut quoi encore ? Mon frère foutu avec les piranhas par un navigateur édenté ? Non mais c'est quoi encore que ce bordel ?! J'pige pas grand-chose et Kasshern n'est déjà plus là, du coup il me laisse avec une multitude de questions et aucune réponse, parfait. J'lutte tant bien que mal pour ne pas me rendormir, cherchant des yeux d'la flotte à passer sur le visage. L'impression d'être passé sous un Goss compresseur... mal de crâne intense...

- Oh Cap'taine, c'est encore vous ! Vous m'vouliez quoi avant ? J'ai compris que dalle, vous n'parliez pas assez fort.

J'aurais mieux fait d'la fermer, une fois de plus. Le v'là qui me sort un loooong monologue, d'la sorte, au réveil, dur. Goss qui a fait le con, normal. Kasshern qui a pris les devants, normal. Il a besoin de moi pour aider mon frère, normal. C'est toute la suite qui n'a rien de normal ! Cet abruti de brioche fourrée à l'algue c'est encore foutu dans une belle merde ! L'imbécile s'retrouve à croupir en taule ! Dans la base de la Marine, rien que cela. Et nous ne sommes que deux pour l'en sortir, la grande joie. J'sens la colère monter, tant par la bêtise de ce gros porc amateur de bâtonnets qu'à cause de ces chiens de la Marine. S'ils s'imaginent le garder à l'ombre bien longtemps, ils se fourrent l'ongle de l'orteil dans l'pif. J'vais tous les briser ! Et le plan du Capitaine va nous y aider !

- Compris l'ami ! J'me charge de tout ! Ils vont comprendre pourquoi on rencontre un piranha qu'une fois ! GIAHAHAHAH !

Je n'ai écouté que les grandes lignes du plan, l'essentiel est néanmoins saisi. Gonflé à bloc, me v'là qui m'active dans l'navire, préparent l'équipement nécessaire à mon raid sur la base. Ils vont goûter à la fureur des homme-poissons, ces petits merdeux !

***

- Nom d'un piranha roux ! J'pensais pas qu'escalader cette falaise me prendrait autant de temps et d'effort ! J'suis tout épuisé...

Mains sur les genoux, le dos courbé, suant et haletant, j'lève les lieux vers la grosse forteresse qui se dresse fièrement d'vant moi. Et on va dépouiller un endroit pareil d'un de ses clients avec seulement un cuisinier dont la spécialité est le bâtonnet de poisson, un vieux piranha alcoolique et quelques explosifs. Rien qu'en imaginant le bordel que cela va être, j'en explose de rire. GIAHAHAHAHAH ! Voilà pourquoi j'ai suivi Kasshern, c'est un grand homme ! Place aux choses sérieuses à présent.

En m'approchant d'la paroi du bâtiment, j'sors de mon sac la dizaine de bâtons d'explosifs piqués dans la réserve de mon incapable de frère. Il m'en voudra pas d'en faire péter quelques-uns si c'est pour sauver ses grosses fesses ! L'amadou en main, reste plus qu'à choper deux pierres et les frotter l'une contre l'autre, en coinçant l'éclat d'amadou entre les deux, histoire que les étincelles allument le tout. Je m'y reprends plusieurs fois avant d'y parvenir, mais le résultat est là ! Assez préhistorique dans la façon de faire, non pour autant efficace !

BAAAAAAAAOOOOOOOOUUUUUUUUM

Le doux son d'une explosion vient chatouiller les tympans des propriétaires des lieux, ainsi que ceux ayant loués une chambre dans l'établissement. Une déflagration, puis deux, puis trois, jusqu'à obtenir une entrée plus importante que le ventre de Goss, c'est dire si j'ai fait les choses en grand ! M'extirpant d'à travers les gravats et la fumée envahissant le couloir de la base, j'apparaissais sereinement au beau milieu de la scène, le visage déformé par la colère.

Il ne fait jamais bon de mettre en rogne un piranha.

- GOOOOOOOOOSSSSSSSSS ! ESPECE DE GROS LARD ALCOOLIQUE ! T'AS INTERER DE TROUVER UNE BONNE RAISON A CET ENFERMEMENT AVANT QUE J'TE TOMBE DESSUS SALE MERDEUX ! J'TE PRIE DE BIEN VOULOIR CROIRE QUE SINON, TON GROS BIDE IMMONDE RISQUE DE S'EN SOUVENIR JUSQU'À LA FIN DES TEMPS ! GIAHAHAHAHAHAH !

Dans le genre entrée en scène qui attire l'attention de tous, celle-ci se posait bien. D'autant qu'elle était parfaitement réfléchie mine de rien. En plus de mettre en garde l'frérot, cela me permettait de rameuter les soldats jusqu'à moi, évitant le gros des complications à mes compagnons. Du moins, c'est ainsi que j'imaginais la chose.

Le capitaine grinçait des dents à l'écoute des cris incessants de ses deux confrères ; L'un avait beau être plutôt loin, il parvenait tout de même à hurler aussi fort que l'autre qui ne se situait qu'à deux mètres. Mais cet écho précédé de détonations exemplaires lui confirmait au moins la bonne réussite de son plan exécuté par Eustach, ce dernier prouvant comme toujours dans les moments fatidiques qu'il disposait encore de précieuses ressources ! La Brioche, quant à elle, s'était libérée de sa prison en usant de son astucieuse bedaine... pour finalement s'en prendre au commerçant verbalement puis physiquement – lui envoyant une pêche que ce dernier n'était pas prêt d'oublier bien qu'un tel résultat avait exigé plusieurs tentatives constamment déjouées par son environnement.
La Marine se mobilisait. Ceux qui accompagnaient à l'instant Kasshern s'étaient éclipsés sans demander leur reste, revenant en surnombre avec un chef un peu plus couillu au premier rang. Le repas était servi ! Enfin, il l'était déjà pour Goss qui, parfaitement à l'aise, se retrouvait assit en tailleur face à face avec le stock de bâtonnets de poisson et s’empiffrant afin de récupérer des forces. Et malgré ses terrifiantes bouchées ainsi que ses joues constamment pleines, celui-ci parvenait tout de même à rester attentif, le prouvant en répondant au gradé qui les insultait en entrant en scène.

... Racaille moi ? Je t'expliquerai bien deux-trois trucs au sujet de mon entreprise, mais je vais plutôt me livrer à une p'tite partie de bowling ! Allez, un... deux...

Face à pareille situation, le colosse ne pouvait pas résister : une vingtaine d'hommes entassée derrière une porte elle même bouchée par les plus aguerris d'entre eux, le cadre était trop parfait ! Une impulsion plus tard, c'est à travers une brève démonstration de son Shark Fin ! qu'il fusait sur son interlocuteur hostile tel un bélier, repoussant tout le monde à la fois en défonçant bien méchamment les deux premières lignes.

... TROIS-STRIKE!!!! Kshaaaa'aarh'arhk'rhk ! Comment vous dites déjà ? L'Homme-Poisson dix fois supérieur en force hein ? Et vous posez vos conditions comme ça, en ligne, dans un couloir ? T'entends ça Goss ? Ksh'arhk'rk.
Aaarh... foutue poiscaille... Tu viens de signer ton arrêt de mo...

Tout en le fusillant du regard, le Requin lui crachait un puissant glaviot au visage, portant ainsi le coup de grâce en le plongeant dans les vapes. Le rire sordide du rebelle ne tardait cependant pas à s’évanouir à la vue des nombreux fusils pointés en sa direction ; L'instant d'après, il se magnait de refermer la porte alors qu'une pluie de plombs la frappait, et ce suffisamment pour permettre à certains projectiles perforants de traverser et donc se loger dans les écailles discrètes du leader aux longues dents qui râlait péniblement.

Graaaah, saloperies d'armes à feu ! GOSS, ramène ta fraise j'vais avoir besoin de toi pour faire une percée, on est obligé de passer par ce couloir et ils sont de plus en plus d'insignifiants à servir de bouchon, alors on va... Il s'interrompit. Pas la peine de pondre un nouveau plan ce coup ci, l'idée s'imposait d'elle même alors qu'il apercevait le malheureux Rodriguez ramper sous une table, la tête en sang et le cou complètement tordu. C'est qu'il avait la tête dure le malheureux ! En tout cas, il était vraiment dans un sale état. Huhu, coucou toi.

L'attrapant par la tête d'une seule main puis le traînant vers la porte, l'Homme-Poisson haussait la voix pour faire passer le message aux nombreux miliciens qui affluaient pendant qu'il rouvrait l'issue.

FAITES PAS LES CONS, ON TIENT RODRIGUEZ ! JETEZ VOS ARMES OU MON AMI ICI PRÉSENT LUI MANGERA UNE JAMBE – C'EST UN VRAI DINGUE, CHERCHEZ PAS A LE TESTER !

La prise d'otage. Pas mal. A ce rythme, il y avait peut-être même moyen de s'en sortir en passant par la grande porte de la base ! Kasshern se tournait vers son navigateur, prêt à lui exposer son idée, du moins jusqu'à ce qu'un "crac!" étrange éveille son attention ; Au bout de ses doigts, une tête. Au bout de cette tête, rien. En effet, le Rodriguez avait vraiment morflé. En même temps, Goss n'avait pas été très tendre avec lui.

Bhhaaaa Dégueulasse ! S'exclamait le prédateur en gigotant sa main dans tout les sens, envoyant la tête rouler plus loin, jusqu'à se coller au sac à bâtonnets. Bon... Va falloir employer la manière forte j'crois. Faudrait juste trouver une protection adéquate avant de foncer dans le tas, j'ai pas envie de me faire cuisiner l'aileron sans pouvoir me défendre, et ces enfoirés ont bien saisi qu'ils devaient instaurer une distance de sécurité. Et vaut mieux qu'on se magne de rejoindre Eustach, même s'il a moyen de fuir plus facilement que nous en cas de coup dur, il est bien trop inconscient pour se replier...

Bloquée dans une salle donnant sur quelques cellules avec la Brioche, le Requin s'interrogeait sur les manières de se sortir de la. Peut-être la table pouvait servir de bouclier rudimentaire, ou peut-être que des prisonniers pouvaient leur servir de première ligne, du moins s'il y en avait...
Pendant ce temps la, le Piranha se confrontait à sa propre galère.

Rodriguez ? C'est qui encore que ce bouffon ? On n'a pas idée de s'affubler d'un nom aussi ridicule, j'vous l'dis. Une autre preuve de la supériorité des homme-poissons sur les humains, nous savons choisir des noms qui transpirent la classe. Nous avions beau être éloigné l'un de l'autre, communiquer avec mon frère à cette distance ne posait aucun problème. De plus, avec sa grosse voix, il m'indiquait vaguement quelle direction prendre pour les rejoindre. Encore fallait-il pouvoir les rejoindre. Parce qu'à gueuler comme un sourd et exploser la façade de la base, les p'tites mouettes rappliquèrent rapidement pour déterminer l'origine de tout ce foutoir. Ils ont légèrement hallucinés en tombant nez à nez avec un homme-poisson d'la race des piranhas, mesurant plus de deux mètres, sourire jusqu'aux oreilles et les mains pleines de bâtons d'explosifs.

- GIAHAHAHAH ! Coucou les loulous ! Vous tombez à pic, j'ai un jeu pour vous les gars !
- Ferme-là ! Soldats, préparez-vous à faire feu au moindre mouvement suspect. Toi le pirate ! Dépose ces explosifs et rends-toi, nous n'hésiterons pas à tirer !
- Ce n'est pas très poli d'couper la parole hein ! S'pèce d'enfoiré, pour la peine j'vais pas t'expliquer le jeu, j'te laisse te démerder avec eux pour les règles.
- Eux... ?

Pauvres petits êtres stupides... Foncer dans le tas droit vers la cible et ne pas prendre le temps d'observer l'état des lieux dans lesquels on avance, c'est con. Et pour eux dans très peu de temps, cela va devenir moche. Tandis qu'un silence s'installe, l'gars à la grande gueule et certainement le plus haut gradé du groupe comprend ce qu'il se passe. Ils s'imaginaient que le temps qu'ils arrivent, j'allais tranquillement poser mon cul à terre et attendre dans un coin ? Faux. J'ai quitté l'navire avec un sac de bâtons d'explosifs, autant s'en servir intégralement non ? C'est ce que j'pense. Nous sommes dans la base Marine de Shell Town, laquelle accueille et offre un toit aux quelques invités un peu trop turbulents qui font halte à la ville. Des personnes comme Goss. Non pas qu'ils sont gros, mais qu'on préfère les avoir derrière les barreaux qu'en liberté.

Du coup, moi Eustach surnommé Croqu'Dur, a eu l'excellente idée de libérer les quelques types moisissant dans leurs cellules. Du moins, pour ceux qui étaient présents le long du corridor sur lequel donnait la grande porte posée récemment. On ne dira pas qu'ils étaient une armée, voir 300, mais ils étaient hargneux et revanchard, amplement suffisant pour mettre un poil plus de confusion chez l'adversaire. Les portes des cellules complètement cramoisies et éclatées, plus rien ne retenait nos braves pirates et taulards de sortirent faire un tour. Et tandis que je riais d'un rire bien gras, les hostilités entre Marines et évadés commencèrent, le sang giclait déjà. Il ne me fallut pas plus longtemps pour me jeter dans l'tas, content d'pouvoir passer mes nerfs sur ces sacs de frappes. Mes deux gros poings s'abattant violemment sur les crânes, débloquant le compteur de soldats de la justice écrasés.

J'claque un direct du droit, j'ramasse un coup de crosse, réplique d'un coup de boule, termine en incrustant mon pied sur le faciès d'mon vis-à-vis. Lentement, mais sûrement, j'me rapproche d'ma cible première, la grande gueule qui cogne sec. C'est lui que j'veux étaler, l'reste j'm'en contrefout. L'enfoiré devine mes intentions et fait en sorte d'venir à moi, en s'frayant un ch'min tant avec les poings qu'les dents si nécessaire. C'est un bon c'gars-là ! La distance avalée, seul quelques mètres nous séparent sans qu'aucun des deux ne cesse d'avancer, le pas pressé. Nos poings se referment et se décalent en arrière à l’unisson, avant que le coup claque. Les coups. Simultané, c'est à celui qui frappera le plus fort.

- Eustach Punch !
- Zanzigwaï Punch !

Crac. L'son des os qui craquent sous la puissance d'une droite puissante et précise. J'lui ai explosé la mâchoire au malheureux. Lui m'a cassé l'nez, salopard. Au résultat, il chute vers l'arrière et s'fracasse au sol tandis que j'tiens sur mes deux jambes, tel un mur inébranlable. J'ai gagné. 'Fallait oser se mesurer à un homme-poisson dans un duel à la force brute, il n'avait toutefois aucune chance. Les gars de Shell Town pourront jamais rivaliser, seuls ils n'ont pas le niveau. Mes petits prisonniers s'en sortent pas trop mal, rivalisant pratiquement avec les soldats, ces derniers gardant l'avantage grâce à leurs foutus fusils. D'autant qu'il ne faut pas oublier qu'les gars croupissent dans une prison d'puis pas mal de temps, 'sont rouillés. Empoignant l'haut du crâne du type à mes pieds, je m'avance vers la porte la plus proche.

- Aucune foutue idée d'quelle direction prendre pour rejoindre mes camarades, alors toi p'tit con à grande gueule tu vas m'aider ! Je cherche un homme-poisson grand et gros, du genre vraiment gros. Il s'trimballe également avec une hideuse longue et fine barbe, tu vois d'qui j'cause ? J'veux dire, vous ne devez pas en enfermer tous les jours d'la poiscaille, 'devrait pas être trop dur de te souvenir d'lui en y mettant du tiens.

J'pose les yeux sur le gradé, il ne m'écoute pas. Mais quel connard.

- HEY J'TE CAUSE SALE ENFOIRE ! TU CROIS SERIEUSEMENT QUE C'EST LE MOMENT D'FAIRE UNE SIESTE ?! OH ! OH ! OUVRE LES YEUX ABRUTI !

Une avalanche de claques et de postillons déferle sur l'bonhomme encore inconscient par ma droite, derrière nous l'affrontement touche à sa fin, ne reste plus qu'un ou deux combattants pour les deux camps. Moi je perds patience et balance l'gradé qui s'en va s'encastrer dans la porte, cette dernière cédant sous l'impact. Le faible s'étale quelques mètres plus loin, après une série de tonneaux. Il ne bouge toujours pas... Passant la porte en soupirant, je m'avance dans le couloir suivant, sans savoir où aller. Tirant par le pied la grande gueule qui semble avoir soudainement perdue la parole. Mon nez qui pisse le sang ne semble pas me déranger ni même me faire souffrir, l'histoire de quelques picotements et encore.

Le colosse finement bleuté croisait les bras, laissant retentir son rire tonitruant dans toute la pièce alors que la Brioche sautillait en direction de la porte, explosifs en main. Les plans souvent terre à terre du capitaine ne cessaient d'être transformés par l’ingéniosité hasardeuse de ses deux compagnons, qu'il nourrissait d'ailleurs si bien en récompense. Goss en était aussi un frappant exemple – Ce dernier parvenait même à se servir de sa graisse fièrement entretenue pour y planquer ses ustensiles à lui : Toujours des bâtonnets, qu'il chérissait tant, mais cette fois-ci à base de poudre et d'amadou.
L'inconscient se mettait à découvert, sans réaliser que les balles tirées par dizaine risquaient de tout lui faire péter entre les palmes si elles avaient le malheur de toucher les bâtons de dynamites. Mais la chance accompagnait l'audace, et bien que quelques plombs se logèrent dans le gras du gros, rien de catastrophique n'éclata. Du moins, du côté des Poiscailles. Car de l'autre, une nouvelle détonation se produisit, en réponse aux balles mais également à l'explosion précédemment orchestrée par le frangin. Le chaos venait finalement de prendre son aise : Salles et couloirs étaient ravagées, enfumés et jonchés de corps blessés ou inanimés. Même la porte avait sauté, rencontrant violemment la face de Kasshern qui, pris par surprise, se retrouvait au sol, sur le dos, n'ayant pas du tout consolider ses appuis afin d'encaisser un tel choc. Se relevant d'une traite pour récupérer ce qu'il lui restait de dignité, il maugréa ;

Rrrrrah, une explosion de plus dans cette base et j'fais un carnage... Bon, maintenant... Goss ? G..? Interrompu par un hurlement familier, l'Homme-Poisson comprit que son interlocuteur était déjà parti de l'autre côté de la porte délabrée, lui conseillant d'ailleurs de le suivre sans plus attendre. Mais ? Que ? EEEEH ! Bordel c'est tellement la ruine ici que j'ai même pas l'occas' de donner des directives !

En un rien de temps, il rattrapait la Brioche pour reprendre les devants : Si les ordres n'avaient plus tellement d'importance à ce moment précis, il se devait au moins d'être en première ligne pour mener les troupes. Herm. Un coup d’œil discret en direction de son semblable pour vérifier qu'aucunes autres sources explosives se tenaient entre ses doigts, puis il continuait sa course, confiant. Ils avaient causé un sacré bordel, et visiblement Eustach en avait fait autant car les trois Hommes-Poissons se retrouvaient face à face.
La petite base de la Marine n'avait pas su gérer cette crise interne, et il était maintenant temps pour les pirates de regagner leur navire et quitter cet endroit de malheur avant que l'on occupe ou coule son navire : Pas question de jouer avec de la dynamite à bord de son usine à bâtonnets, et encore moins de l'abandonner pour voyager à la nage. Des branchies, des ailerons et de fines écailles, d'accord, mais Kasshern demeurait un type civilisé malgré tout ! Et un homme d'affaire prospère avec ça !

Eustach ! Bien joué mon garçon, j'savais bien que t'y arriverai. Il n'y a plus de marines dans la base on dirait – Ces tafioles n'ont pas envie de se faire avoir deux fois de la même manière et nous attendent dehors. On ferait mieux de sortir par la porte de derrière comme prévu et se barrer d'ici, parce que de front, on risque de se faire cribler de plombs. Et moi, j'ai eu ma dose. Goss aussi d'ailleurs, hein Goss ?! Insista Kasshern en envoyant une puissante tape – amicale ? – dans le dos du concerné. Kshaaa'aaarh'arrhk'rhk ! Allez on bouge d'ici. Eustach, la sortie ..?

Citation :

Rp terminé.